Si Hestrud m'était conté


Histoire en Hestrud : Monographie d'Hestrud





Préface

« Il conviendrait que l’instituteur  fût, disait naguère Paul Lapie, le sage de sa commune » ; ce souhait d’un grand éducateur, M. Carniaux, l’auteur de la présent monographie, l’avait réalisé à Hestrud.
Dans ce petit village frontière éloigné de toute communication, perdu au milieu des collines boisées –charmantes sans doute durant les beaux jours de mai alors que toute la forêt chante et surtout par les quelques splendides après-midi ensoleillés d’automne où les frondaisons offrent au promeneur émerveillé toute la gamme des ors, des pourpres et des bruns, mais bien tristes aussi par les « tournasses de pluie » dont parle Richepin (1) et qui sont si fréquentes aux pays d’Avesnes et de Thiérache – M. Carniaux fut pendant sept ans, l’instituteur consciencieux et compétent, toujours occupé à perfectionner ses méthodes de façon à donner à ses petits élèves – que, comme tout éducateur digne de ce nom, il aimait beaucoup et qui le lui rendaient bien !- un enseignement vivant et concret, parfaitement adapté à leurs besoins et au milieu où ils auraient à vivre.  Plus encore, M. Carniaux, secrétaire de mairie et collaborateur tout dévoué de la municipalité fut le guide éclairé des habitants d’un village : petits artisans ou commerçants, douaniers, bûcherons, herbagers, qui trouvaient à tout heure auprès de lui le conseil judicieux ou le renseignement précis dont ils pouvaient avoir besoin.  Une bonne part de ces éloges mérités revient en toute justice à Madame Carniaux, institutrice-adjointe, dont l’affection et le dévouement permirent à son mari de déployer toute l’activité intelligente dont il est capable.
Tant de services rendus n’expliquent peut-être pas suffisamment l’affection unanime et touchante dont la population d’Hestrud donna les marques les plus vives lors du départ de M. Carniaux appelé par l’administration, en raison de son mérite professionnel, à diriger l’école de Trélon (octobre 1930).  Autre chose, en effet, était allé droit au cœur de tous les gens d’Hestrud : l’affectueuse sympathie que M. Carniaux avait vouée à leur village, à leur milieu rural et forestier.  La présente monographie à la fois si concise dans sa claire ordonnance et si riche en même temps de renseignements de toutes sortes est la preuve vivante, chez son auteur, de cet amour du terroir que nous voudrions voir naître et se développer chez tous nos instituteurs ruraux, non seulement parce que cet amour du village où ils enseignent leur est un propre réconfort moral, mais encore parce qu’il est la clé même des âmes paysannes.  Sans lui les cœurs restent fermés : l’instituteur ne comprend les paysans et ne fait rien pour les comprendre, ceux-ci se montrent méfiants et hostiles et lorsque le maître voudra, pour être fidèle à sa mission, élever les pensées de « ceux que tout tire vers la terre et attache à leur canton, pour les initier à des intérêts et à des pensées plus vastes que ceux qui les pressent si durement tous les jours (1) » il se heurtera au doute ou à l’indifférence.  C’est que, comme le dit Guy Grand (2) : » Le problème de l’école ne comprend pas que l’école elle-même, les rapports des maîtres avec leurs élèves, il se il se double d’un autre aussi important et plus délicat, les rapports du corps enseignants avec l’ensemble de la population…  De même que l’instituteur, pour son enseignement soit efficace, doit l’adapter à l’esprit des enfants, de même pour que sa fonction soit bien comprise et respectée, il doit s’accorder lui-même avec l’esprit de la population. »
M. Carniaux a parfaitement compris cette double nécessité.  La monographie qu’il nous présente restera le souvenir durable de l’excellente tâche fournie à Hestrud par ce bon instituteur.
Les connaisseurs accueilleront avec plaisir cette étude dans laquelle ils verront un travail méthodique et sûr ; les gens d’Hestrud en la lisant seront fiers de leur « maître d’école ».  Je connais assez la solide affection des cœurs paysans pour traduire ici les pensées que n’exprimeront peut-être pas les gens du village mais qui, pourtant, se présenteront certainement à leur esprit : « nous estimions beaucoup M. Carniaux, mais aussi comme il nous aimait ! 
Avesnes, 5 octobre 1931.
E. Leroy Inspecteur de l’Enseignement Primaire.
(1) Jean Guéhenno : L’Instituteur, revue Europe 15 septembre1931
(2) Journal des Instituteurs, 26 septembre1931
Avant-Propos
Nous regrettons que la disparition des archives communales ne nous ait pas permis de donner un plus grand développement à cette monographie dont les principaux éléments nous furent fournis par les notes glanées au jour le jour pour préparer, étayer et compléter notre enseignement de l’histoire de France que nous désirons » nourries des sucs du terroir ».
Nous avons été payés de notre peine par l’intérêt passionné que nos élèves prenaient à cette résurrection de la vie locale qui, dans de lieux familiers, mettait en action leurs ancêtres directs, souvent porteurs de leur nom.  Pouces enfants, la solidarité nationale, l’âme de la Patrie, étaient autre chose que des mots.
Si, par des racines nouvelles, profondes, nous avions réussi à attacher davantage nos jeunes Hestrudiens à leur ravissant village natal, notre but serait atteint.
Septembre 1931, Maurice Carniaux, ancien instituteur d’Hestrud.
 
Aux habitants d’Hestrud que nous avons appris à connaître et à aimer, nous dédions cette modeste contribution à l’histoire de la petite patrie.
M. C.



Table des matières

Préface
Avant-Propos
Situation – Altitude – Climat
Géologie – Une grotte
Territoire – Limites
Hydrographie
Origines
Etymologie
Administration
Rues – Ecarts – Lieux dits
Population
Agriculture
Industrie
Eglise
Culte – Curés
Mairie – Ecoles – Personnel enseignant
Municipalité – Maire
Biens communaux.
Douanes
Etat féodal
Usages et coutumes : ducasse, etc.
Les Bœufs et la Gades
Sociétés
Histoire
Hestrud pendant la grande guerre
Le livre d’or
Mobilisés
Déportés et emprisonnés.
Familles exilées.


 Situation

Hestrud est niché dans un pittoresque vallon où murmurent les eaux limpides de la Thure.  Les bois qui lui font, de toutes parts, une ceinture de vertes frondaisons, dérobent aux yeux des promeneurs ce coquet village.
Il et placé en bordure de la Belgique, sur la route nationale d’Avesnes à Philippeville par Solre-le-Château et Beaumont, à six kilomètres d’Avesnes et trente-six kilomètres de Charleroi et cent dix-neuf kilomètres de Lille.
Longitude : Est 1° 45’ 5’’
Latitude : Nord 50° 12’ 20’’.

Altitude – Relief

Les derniers contreforts de l’Ardenne donnent un relief très accidenté au territoire d’Hestrud.  L’église se trouve à une altitude de 174 mètres.

Climat

Notre village jouit du climat vosgien.  Très froid l’hiver, la température y est sujette à de brusques variations qui font le désespoir des jardiniers.  Bien que l’air soit très vif, l’état sanitaire de la population est excellent et les épidémies y sont très rares.

Géologie

Le sous-sol d’Hestrud est formé en majeure partie par le terrain dévonien et le dévonien supérieur.  Il a été plissé, disloqué lors des grands mouvements qui ont ridé les terrains primaires de l’Ardenne et de l4entre Sambre-et-Meuse.
Un banc de marbre qui traverse le territoire de l’ouest à l’est (de la carrière u Plat-Vivier au Bois des Rocs) constitue le noyau du terrain ; ce marbre est très souvent inclus dans une bande de calcaire gris, noir ou bleu qui s’élargit vers l’est où le marbre disparaît, parfois complètement.
Plusieurs bandes de schiste et de calcaire schisteux bleu sillonnent le sous-sol, direction O.-E. ; les fossiles y sont nombreux.
Par analogie, on peut rapporter au terrain diluvien, les lambeaux de limon que l’on trouve à l’ouest du village, particulièrement sur les Coutures, où il atteint une certaine épaisseur.  Malheureusement, ce limon repose presque toujours sur des agaizes ou gaizes (schistes et psammites).  Là où la couche de limon fait défaut ou est insuffisante, il ne pousse qu’une herbe maigre ou des taillis
Une grotte
Il y a longtemps, déjà, l’entré d’une grotte fut découverte dans la carrière Gillet.  Après avoir suivi un boyau de 0,5 m x 0,80 m, long de deux mètres environ, on débouchait dans une chambre ayant six mètres de longueur, deux de largeur et trois de hauteur.  De là, partait un étroit couloir en forte déclivité qui allait en se rétrécissant.  On ne trouva pas trace de ruisseau dans cette caverne dont la voûte et le sol étaient garnis de stalactites et de stalagmites de petite dimension.  Ces temps derniers, à la suite d’un éboulement, un énorme bloc calcaire vint obstruer le couloir d’accès.
Nous devons ces renseignements au dévoué Maire d’Hestrud, notre ami Houssin qui, avant la guerre, explora la grotte à plusieurs reprises.

Territoire

Le territoire d’Hestrud a la forme d’un quadrilatère très irrégulier.  Il a une superficie totale de 590 hectares 32 ares dont 216 hectares boisés.

Limites

Il est limité par la Belgique (commune de Grand Rieu) et le territoire des communes de Cousolre, Bérelles, Beaurieux et Solre-le-Château.
En exécution du traité signé à Courtrai le 28 mars 1820, entre la France et les Pays-Bas, le bornage de la frontière entre Hestrud et Grand Rieu eut lieu le 27 mars 1827, dte à laquelle huit nouvelles bornes – s’ajoutant aux trois bornes anciennes – furent plantées ; la rivière la Streute (la Thure) formait la frontière de la sortie du village au pont de la République.  Le traité de Courtrai n’apportait d’ailleurs que de légères modifications à la frontière précédemment tracée, si ce n’est qu’un pré situé vis-à-vis du Moulin d’Hestrud et appartenant alors à François Duvivier fut cédé à la France par les Pays-Bas (art,16 §1 du procès-verbal de démarcation).

Hydrographie

Le village est traversé du Sud au Nord par la Thure (Streut, rivière de Frasies) qui prend sa source à quelques kilomètres de là, aux étangs de Frasies (territoire de Sivry, Belgique).  Elle est grossie par différents ruisseaux : la Dâche à Ousiaux, le Rieu de Grand-Champ, le Rieu Cripotte, le Ruisseau des Bois, le Ruisseau des Veaux et le Ruisseau de Grand-Rieu.
La Thure, dont le cours sinueux est dissimulé par un rideau de saules et de peupliers, arrose Cousolre, Bersillies-l’Abbaye et se jette dans la Sambre à Solre-sur-Sambre après avoir actionné plusieurs scieries de marbre.
La truite saumonée, le meunier ou chevesne et l’écrevisse abondent dans ses eaux vives.

Origines

Notre village fut fondé, très probablement, au temps de l’occupation romaine, comme naquirent Cousolre, Solre-le-Château, Jeumont, Limont, Floursies, Flaumont, etc…
Cependant, rien ne permet d’affirmer cette hypothèse, car on ne trouve pas trace de son existence avant le IX è siècle, époque à laquelle son nom apparaît pour la première fois sans le polyptique que Jean, évêque de Cambrai, dressa sur l’ordre de Lothaire, roi de Lotharingie, en la quatorzième année de son règne.  Le dit polyptique signale que l’abbaye de Lobbes possédait à Hestrud, deux serfs et deux gérants de fermes ou terres ‘868)
L’orthographe a d’ailleurs beaucoup varié au cours des siècles.
En 868, on écrit Hestru.  Au 12è et 13è siècles, Hestruth (caartulaire de l’abbaye de Liessies, 1145) ;  Hestruz (titre de l’abbaye de Lobbes, (1150) ; Hestru (bulles du pape Adrien IV, 1156) ; Heisreut, Hestrut, Hestrus (Pouillé de Cambrai).
En 1346, Hestrud, (écrit de jacques de Guise).
Nous relevons encore Hestrus-li-Frans, Hestruen, Haistru, Aistrut, Estrud, mais depuis le17è siècle, c’est la forme Hestrud qui a prévalu.

Etymologie

De nombreuses suppositions ont été faites pour expliquer l’origine du nom de notre village.
D’après certains, Hestrud serait formé par la réunion de deux mots emprunté soit au latin, soit au germain, soit même au celte.  Nous nous bornerons à soumettre à nos lecteurs les plus vraisemblables de ces suppositions :
a)       Suivant Mannier (Etudes étymologiques), le nom d’Hestrud viendrait du germain Ruth, qui signifie défrichement et de Ster voie, chemin : d’où Hest-Rud, défrichement de la route ou près de la route.
Certains voient même dans le Hest, une altération de celui qui a opéré le dit défrichement.
b)      Piérard prétend que Hestrud tirerait son origine du vieux mot français Hestres et du celtique Ud, qui signifie hauteur ; d’où Hestrud : colline plantée de hêtres.
c)       Un autre étymologiste pense que notre village tire son nom du simple mot latin Strata, route qui aurait traversé notre commune au temps  de la période gallo-romaine.
Certains chercheurs font un rapprochement entre Hestrud et Hiltrude, la sainte dont la renommée fut si grande dans la région.  Nous nous rangeons à leur avis.
Très judicieusement, M. Jean Mossay écrit dans son ouvrage sur la toponymie de l’arrondissement d’Avesnes : » On a remarqué que les noms des lieux en u, us, ud traduisaient toujours un nom de femme germaine.  Généralement, ces noms de femmes ont désigné des villages sans le secours du second terme habituel villa, curtis, etc…  Hestrud ne manque pas à la règle.  Comme Estraval, Hestrus, Heestert, Hestrud est une forme contractée de Hedeltrude, ou peut-être Hiltrude.  Il n’y aurait rien d’impossible à rattacher l’origine du village d’Hestrud à Sainte-Hiltrude qu’on honore dans la région de Liessies.  Nous savons, en effet, que celle-ci y possédait par sa famille d’immenses domaines.
D’autre part, nous croyons devoir citer l’hypothèse émise par un érudit suédois, ami de M. Robaulx de Beaurieux, suivant lequel Hestrud qui, en langue scandinave signifie « Les Ecuries », tirerait son origine des invasions normandes.  (Communication faite à la Société Archéologique d’Avesnes en son assemblée du 8 mars 1930).

Administration

Régi par la commune de Mons, Hestrud dépendait, avant la Révolution, des gouvernements, prévôté et subdivision de Maubeuge.  Compris en 1790, dans le district d’Avesnes, il fut rattaché au canton de Solre-le-Château qui comprenait alors 18 municipalités, savoir :
Aibes, Beaurieux, Bérelles, Bousignies, Choisies, Clairfayt , Cousolre, Dimechaux, Dimont, Eccles, Epinoy , Hestrud, les-Fontaine, Liessies, Offies, Sars-Poteries, Solre-le-Château et Solrinne.
Lors de la réorganisation administrative de l’an X, les communes de Barbençon, Boussus-les-Walcourt, Erpion, Renlies et Vergnies furent détachées de la Belgique et incorporées au canton de Solre-le-Château.  En 1815, ces cinq communes furent réunies aux Pays-Bas, par le traité de Vienne.
En 1825, Offies fut rattaché à Dimont et Epinoy à Clairfayt, ce qui donna au canton de Solre-le-Château, la composition qu’il a aujourd’hui.

Rues

La route départementale n°5 d’Avesnes à Philippeville traverse notre village de l’ouest à l’est et en constitue l’artère principale, d’où se détachent la rue de Bérelles, la rue de la Graveline, la rue de Cousolre, la rue de l’Eglise et le chemin de Sivry.  La rue Heureuse et le chemin de la Carrière aboutissent à la rue de Cousolre.

Ecarts

Ils sont peu nombreux :
Martinsart, qui abrite trois familles ; le Blanc-Chêne ou Château Delattre ; la Carrière où s’élèvent deux maisons.

Lieux dits

  • Le Trieu de Beaurieux ; le Trieu des Veaux,
  • Trieu : Mot roman dérivé du tudesque driesch avec le sens de terre en friche, landes ; biens communaux où chacun avait le droit de conduire son bétail.
  • Couture : Culture, cultura, lieu cultivé.  On appelait autrefois culture une portion de terre donnant en céréales un rendement de 60 muids.
  • Couturelle : Petite Couture.  Terre cultivée depuis longtemps.
  • Waremme : Corruption de Varennes.  Du roman : Varenne, garenne (fond plat entre deux coteaux où se retirent les lapins ; réservoir où l’on conserve le poisson).  La position topographique de ce lieu confirmerait cette étymologie : prairie de la garenne, du vallon ou du petit étang. Mais Warenna, dérivé du germanique Waren (défense) avait le même sens que forestella, diminutif de forêt.  Or, comme Waremme est contigu à Forêt, il pourrait signifier également : » forêt plus petite ».  En effet, le bois de Waremme qui continue celui de Forêt est plus petit que celui-ci.
  • Martinsart : Hauteur au sous-sol schisteux se trouvant à gauche du chemin de Cousolre, peu après le moulin. De nombreux lieux dits analogues existant dans la région : Sivry (Bois de Martinsart) ; Maubeuge (faubourg des Sarts) ; Gommegnies (Grand Sart) ; Mairieux (fort des Sarts) ; Bersillies (ferme du Sart) ; Bry ruisseau du Sart) ; Gommegnies ( ??ansart) Rainsars. Dérivé du latin Sarcio ou Sario, le mot Sart désignerait un endroit difficile à cultiver par suite de sa situation ou de la mauvaise qualité du sol.
  • Pachy : Pâturages, souvent marécageux
  • Les Bruilles : Broussailles, landes à demi-boisées.
  • Fache du Grand-Champ : Terre en friches.
  • Wattines du Bois de Beaurieux : Etendue de terrain, plaine unie, déserte et inculte contiguë au bois de Beaurieux.
  • Les Veaux, ou Viaux, ou Zéviaux : Vocables indiquant une petite vallée, un vallon.
  • Les Rocs, Bois des Rocs, Chemin des Rocs : Désignent la partie s’étendant de l’Eglise à la maison frontière (babanne), d’une part, du ruisseau de Grand-Rieu à la grand’route d’autre part, et où les roches alcaires sont particulièrement abondantes et affleurent le sol.
  • Les Nielles ou Nyel : D’un vieux mot celtique qui signifie à une rencontre ou encore à une division de rivière.

Population

Laborieux, intelligents, les habitants d’Hestrud attachent un grand prix à l’instruction.  D’un naturel peu communicatif, ils se livrent difficilement, mais une fois donnée leur affection ne se détache plus.  Leurs généreuses traditions d’hospitalité sont proverbiales comme les fastes des diverses fêtes et cérémonies organisées dans leur pittoresque village.
Fortement attachés au sol natal, les Hestrudiens émigrent peu.  Nous avons retrouvé dans les archives la plupart des noms des habitants actuels de notre village.

Celui des Charlet, dont six familles habitent encore à Hestrud, est certainement le plus commun, sinon le plus ancien.  En 1724, Marie-Christine Charlé est faiseuse de bas.  Jean-François Charlez, meunier, 1748.  Philippe Charlet, meunier, 1756.  François-Joseph Charlet, laboureur, et Marie-Josèphe Charlet, épouse Bolotte, 1758.  André-Joseph Charlet est maire en 1832.  En 1848, Jean-François et Jacques Charlet sont conseillés municipaux.  Cyprien Charlet est maire en 1867.
Jean-François Cordier est valet de charrue en 1760.  François-Joseph Cordier, faudreur, 1786.  Augustin Cordier est conseiller municipal en 1848.
J.-J. Lion est mayeur en 1771.  J. Lion est clerc clériquant en 1750.
Nicolas-Joseph Lebrun est faiseur de bas en 1781.  En 1824, Nicolas-Joseph Lebrun est maire.  Jean-Baptiste Lebrun occupe les mêmes fonctions en 1838.
Arnould Hannoteau est couvreur de paille en 1759.
En 1762, François Planard, marchand à l’Ecrevisse achète une étable et les deux tiers d’une grange à Simon Prévot d’Hestrud, moyennant une rente annuelle de 33 livres 12 sols.  Nicolas-Joseph Planard est faiseur de chapes en 1782.
Jean-Baptiste Philippe est berger en 1750.
J.-J. Reinand est laboureur à la même époque.
En 1760, Antoine-Joseph George est valet de charrue et Pierre Colson, faiseur de balais.
Jean-François Huart est tisserand en 1785.  Jacques Raimand, charbonnier, 1781.  J.-B. Arnould, marchand mercier, 1760.  Aldegonde Boissart, fileuse de laine, 1765.  Alexandre et André Fauveaux sont conseillers municipaux en 1848.
A plusieurs reprises, nous avons relevé les noms suivants : Binay, Bienaimé, Bombled, Clareau, Delestenne, Dutrieux, Gobled, Herbecq, Jouniaux, Levecq, Lorent, Naveau, Noël, Sandra, Visée, Wautier, Watier ou Wattiez qui sont laboureur, cultivateur, bûcheron, clapteur, faudreur, charbonnier, berger, faiseur de bas et de chapes, et, plus récemment, ceux de Bavay, Berteaux, Binot, Décamps, Descamps, Fostier, Gillet, Jacquart, Lecron, Libotte, Michaux, Michel, Sainthuile.
Au XVè siècle, notre village comprenait 15 feux.  La population augmente lentement.  En 1707, on comptait 122 habitants ; 227 en 1806, 257 en 1829, 464 en 1846, 514 en 1881, près de 600 quelques années après.  A partir de 1890, la populationdiminue rapidement.  En 1906, on dénombre 427 Hestrudiens. 
En 1914, ce nombre descend à 403.
 
Après la guerre, les recensements donnent :                 
1921 ------ 321 habitants                     
1926 ------ 310
1931 ------ 306 (dont 30 étrangers : 29 Belges et 1 Polonais).
 
Le merveilleux essor de l’industrie marbrière, la mise en exploitation de plusieurs carrières expliquent l’accroissement rapide de la population d’Hestrud qui quintupla, presque, en mois de deux siècles.
Mais les crises successives qui, depuis une trentaine d’années, frappent le marbre, la fermeture de la scierie, l’abandon de plusieurs carrières et, il faut bien le dire, la guerre et la désertion des campagnes, ont amené une diminution rapide de la population.  En ces quarante dernières années, Hestrud a perdu la moitié de ses habitants.
Dans quelques temps, les derniers chantiers de marbrerie seront fermés ; les Hestrudiens seront exclusivement herbagers, bûcherons ou douaniers.
Le doyen du village est le vénérable m. Cordier Joseph, âgé de quatre-vingt-dix ans. Quatre octogénaires peuvent l’escorter dignement.  Ce sont : Madame Clémentine Fauveaux, 88 ans ; M. Philippe Fauveaux, 84 ans, ancien combattant de 1870 ; Madame Jedar, 2 ans et M. Zéphir Michel, 80 ans.  Leur verte vieillesse fait l’admiration de tous et, récemment encore, le tambour du père Michel, sans défaillance, entraînait, les combattants et déportés à travers le village.

Agriculture 

Sauf en quelques endroits privilégiés comme les Coutures, les Quartiers et la Plaine au-dessus des Veaux, le sol d’Hestrud est peu fertile : la couche d’argile manquant souvent d’épaisseur et reposant sur des bancs schisteux (agaises).  Aussi trouve-t-on encore des landes où ne poussent que les bruyères et les genêts.  D’autre  part, les accidents de terrain rendent les travaux de culture difficiles et pénibles.
Néanmoins, la culture était, autrefois, assez développé.  Il y a cinquante ans encore, près de la moitié du territoire était occupée par des champs.
Il n’y eut jamais de grandes exploitations ; mais de nombreuse fermes de moyenne ou de faible importance.  Aujourd’hui, Hestrud compte 31 exploitations herbagères dont la plus vaste n’excède pas trente-cinq hectares.
Les statistiques suivantes, prises à vingt-cinq ans d’intervalle, illustreront d’une manière frappante, la crise qui a frappé la culture dans notre village.
 
                                                  1876                           1900                            1930
Terres cultivables                 253 h                           135 h                           21 h
Prairies                                      71 h                           193 h                           326 h
Bois                                        239 h                           235 h                           216 h
Divers                                       27 h                             27 h                             27 h
 
Vingt-trois hectares de bois ont été défrichés au cours de ces cinquante dernières années, mais la surfaces des terres cultivables est diminuée des 10/11, tandis que l’herbage a gagné 255 hectares croissant dans la proportion de 2 à 9.

Ici, le blé est complètement vaincu par l’herbe.  Les causes de cet état de choses sont multiples.
Nous retiendrons les principales :
a)       Manque de main d’œuvre ;
b)      L’élevage est plus rémunérateur que la culture ;
c)       La nature du sol qui n’est guère favorable à la culture intensive, sauf en de rares endroits déjà cités ;
d)      L’extrême morcellement de la propriété.

A force de travail et par l’emploi judicieux des engrais, les prairies de notre village ont été considérablement améliorées et leur rendement égale sensiblement celui des meilleures pâtures de l’Avesnois, exception faite des landes et de quelques vallons marécageux non drainés.

La dernière statistique agricole révélait l’existence de 377 bovins dont 10 taureaux, 10 bœufs, 173 vaches, 100 génisses et 84 veaux, et de 40 chevaux, 3 ânes et un mulet.  Il faut y ajouter quelques dizaines de moutons et de chèvres qui broutent les landes.  L’élevage du porc est inexistant.
Ajoutons que les arbres fruitiers sont trop peu nombreux.

L'Industrie

En 1881, Hestrud comptait 4 carrières (marbre et pierres à chaux), 2 fours à chaud, 1 scierie de marbre, 10 chantiers de sculpture et de polissage, 1 tannerie et 1 moulin à eau.
la tannerie a été rasée et le moulin est devenu une ferme.
Fours à chaux : Tous les deux ont été démolis, l’un s’élevait dans le Dauzoir, tandis que l’autre, moins important, se trouvait derrière la maison actuellement habitée par M. Lebrun Franck.  Le dernier four fut éteint définitivement en 1897.
Carrières : les nombreuses excavations qui parsèment le sol de la commune montrent que l’extraction du marbre et des pierres calcaires remonte assez loin.
Trois carrières de marbres sont encore ouvertes.  Au Plat-Vivier, M. Alfred Michel tire du marbre noir veiné de blanc dit « Grand antique du Nord », dont est fait le grand escalier du château de Versailles.  La seconde, qui renferme surtout du Sainte-Anne, est momentanément abandonnée par suite du décès de son propriétaire, M. Gillet Jules.

La troisième carrière, sise au Dauzoir, à l’est de l’Eglise, fournit un marbre rouge veiné, très recherché, qui fut beaucoup employé dans la décoration de Versailles.  A une date qu’il est difficile de préciser, probablement vers 1870, cette carrière fut, en une nuit, complètement envahie pat les eaux, on ne sait exactement dans quelles conditions.  Elle devint étang, poissonneux d’ailleurs, et le resta jusqu’en 1929, date à laquelle un maître-marbrier de Cousolre, aussi habile qu’audacieux, M. Gustave Balleux, acheta la dite carrière, l’assécha à l’aide d’une puissante pompe électrique et la remit en exploitation.
La pierre calcaire utilisable pour l’empierrement des routes et la fabrication de la chaux abonde sur tout le territoire.  On l’extrait à ciel ouvert en plusieurs points du Dauzoir et du Chemin des Rocs.
Ajoutons que l’éloignement des voies ferrées entrave fortement l’exploitation des carrières d’Hestrud.
L’industrie marbrière.  L’industrie marbrière (sciage, sculpture et polissage) fit la prospérité de notre village qui atteignit son apogée à la fin du siècle dernier.  Depuis, elle décroît continuellement en raison des frais de transport et de la transformation de l’industrie qui tend à se concentrer.  La scierie de marbre est abandonnée et les deux grands chantiers patronaux sont fermés.  Quelques petits ateliers familiaux subsistent encore, occupant cinq ou six sculpteurs et trois ou quatre polisseuses.  Si l’on compte quelques jeunes ouvriers qui vont travailler à Cousolre, il demeure à Hestrud, une dizaine de marbriers, à peine le dizième de l’effectif d’autrefois.  On peut prévoir, à brève échéance, la disparition complète de l’industrie marbrière à Hestrud.
Nous le constatons avec tristesse, car notre village produisit des véritables artistes dont le ciseau créa des merveilles de goût, de la pendule à l’autel, en passant par la cheminée monumentale et le bibelot délicat.
L’exploitation des bois.  De tout temps, Hestrud compta de nombreux bûcherons, scieurs de long, clapteurs et charbonniers, ces derniers désignés sur les registres de l’état-civil comme « faudreur » ou « fauldreux ».

Les meules de bûches étaient dressées dans les clairières, et le charbon de bois, ensaché, expédié vers Paris et les villes du Nord et le la Belgique.
Les coupes inconsidérées faites par les Allemands qui, durant la guerre, avaient installé une scierie aux Nielles, n’ont pas privé Hestrud de sa ceinture de bois et aujourd’hui, la cognée du bûcheron retentit à nouveau.
Maisons de commerce. Hestrud compte deux épiceries-merceries, une mercerie, six débits de boissons, un maréchal-ferrant-quincaillier et un mécanicien-armurier.
Les salaires.  En 1789, le salaire moyen des ouvriers travaillant dans les bois était de dix à quinze sous par jour, pour quinze heures de travail. 
Il était de vingt à vingt-cinq sous, il y a un siècle environ.
En 114, le salaire journalier des ouvriers de carrière variait de 2 fr. 50 à 3 fr.50, celui des sculpteurs de 5 à 7 francs, tandis que les polisseuses recevaient 1 fr. 50 à 2 francs par journée de travail.

L’Eglise

L’Eglise actuelle fut reconstruite en 1668 avec de vieux matériaux et à la place même de l’ancienne dont la nef datant du XIIIe siècle fut conservée ; ce qui explique l’erreur commise par Chevalier, en écrivant : (Dictionnaire topographique de l’arrondissement d’Avesnes, p. 281) : « L’église de style ogival remonte au XIIIe siècle ».  La tour date de 1767 et le presbytère de 1845.
Le portail de l’église est en plein cintre : deux petites fenêtres à ogive, hautes, et étroites encadrent la tour. Un vitrail représentant l’Annonciation du maître-autel et des autels latéraux dédiés à la Vierge et à Saint Romain, qui sont en marbre sculpté – magnifiques spécimens de l’art local -  l’église ne possède aucune curiosité.
Les deux cloches furent enlevées par les Allemands en 1917.  Elles portaient les inscriptions suivantes :
La plus grosse, Romain : « Je fus dédiée à Saint Romain, mon parrain, et à la Sainte Vierge, ma marraine, l’an 1790 ».
La seconde, Romaine, était plus ancienne :
« Maître André Boulenger, Pasteur de Hestrud et Jean Noël, Mayeur, m’ont donné à nom Romaine.  L’an 1699 ».
Elles furent remplacées en 1921, alors que M. Fostier Floriste était Maire et M. Jacquart Ernest Adjoint.
On lit sur la première : « Paulette est mon nom, Hestrud ma paroisse, M. et Mme Gustave Vaucouleur, mon parrain, ma marraine et mes généreux donateurs.  Curé : l’abbé C. Debailleux ; Maire : F. Fostier ; Instigateur : D. Sonneville – Alleluia – 3 avril 1921 ».
L’autre a pour noms : Constance Hélène Florista et porte : « Commémorer nos soldats victorieux, les victimes de la guerre, les Hestrudiens trépassés, convoquer, chanter, pleurer, voilà ma sublime mission. – Parrain : F. Fostier – Marraine : H. Delattre-Lambert – Curé : Abbé Debailleux ».
Il existe dans la tour l’emplacement d’une troisième cloche.  Elle fut jetée dans la Thure, lors de l’invasion de 1815, puis transportée à Colleret dans des conditions que nous ignorons.
 
 

Le Culte

Le patron de la paroisse est Saint Romain, soldat-martyr du IIIe siècle, sous le règne de Valérien.  Dès le XIIe siècle (1186), l’église d’Hestrud était le siège d’une paroisse du décanat de Maubeuge et de la collation de l’Abbaye de Liessies.  Elle comprenait deux conscriptions : Clairfayts et Epinoy qui, détachés au cours du XVIe siècle, formèrent la paroisse actuelle de Clairfayts.
L’autel, c’est-à-dire le culte religieux relevait de l’Abbaye de Liessies qui en avait obtenu la concession en 1145.  Celle-ci ayant, par la suite, renoncé à la collation de la cure, cette dernière fut dévolue à l’archevêque de Cambrai.  La taxe de cette cure fut fixée d’abord à 20 sols 5 deniers, puis au XIVe siècle à 25 livres 6 sols, et à 31 livres au XVIe siècle.
Le christianisme n’apparut pas dans notre pays avant le règne de Dioclétien.  Saints Piat, Chrysale et Eubert y prêchèrent l’évangile vers la fin du troisième siècle.  Plus tard, Saint Bernard le parcourut et prêcha, notamment, à Liessies et à Binche.
Bien que le Hainaut ait abrité de nombreux adeptes de la religion reformée qui trouvaient refuge dans la forêt, Hestrud ne paraît pas avoir compté de protestants et n’a pas eu à souffrir des guerres de religion.

Les Curés

Nous avons pu reconstituer la liste des pasteurs ayant exercé dans notre paroisse depuis deux siècles.
Boulenger André, 1660 à 1701 ; Lefèvre Antoine, 1701 à 1713.  La pierre tombale de ces deux prêtres se trouve dans l’église.  Baudry Philippe, 1713 à 1743 ; Hecq, 1743 à 1757 ; Moutier Albert, 1757 à 1759 ; Bouzier Jean-Baptiste ; Delpature Louis fut le pasteur ayant exercé le plus long ministère dans notre paroisse.  Il prêta serment à la Constitution et, par inattention peut-être, prit le titre d’évêque lors de cette formalité ; Tenret, né à Rance, ancien religieux ; Gillon, curé pendant quatre ans ; Bonte, ancien religieux de l’Abbaye de Lobbes, 1815 ; Paillet, ancien Récollet, 1817 : Vairet, 1829 ; Poulet, 1833 ; Carion Victor embellit l’église ; 1835 : Enghels, de Cambrai ; Marchand, 1845 : Monnier Philippe, du Quesnoy, 1846-1848 ; Lelong Simon-Pierre, 1848-1860 ; Menet, 1861 ; Bottiaux Jean-Joseph, 1861 ; Bohem, 1863, dota l’église du maître-autel en marbre.  Claisse, 1876 : Harlet Auguste, 1882 ; Barlet, 1885 ; Deleau, de Cambrai ; Berlemont ; Dodin, 1893.
L’Abbé Debailleux Constant, ancien vicaire de Lille, arriva en 1902 à Hestrud où il mourut en 1928.  Prêtre cultivé, affable, tolérant, aux idées larges, il sut conquérir le cœur des Hestrudiens qui le vénéraient.  Tous conserveront pieusement son souvenir.
Le regrette prêtre nous témoigna une vive et solde amitié.  Il nous encouragea à rédiger cette monographie, dirigea nos recherches et nous aida autant qu’il le peut.  Avec émotion, nous saluons sa mémoire.
Septembre 1928 à février 1931 : M. Fivet Achille.
Mai 1931 : M. Debacque Léon.  Blessé de guerre.

Mairie – Ecoles

Le bâtiment imposant servant de Mairie-Ecoles fut bâti en 1883 alors que M. Jules Binot était maire.  Il est spacieux et confortable.
En raison de la diminution des effectifs scolaires – moins de 35 élèves – les deux écoles spéciales furent supprimées en 1930 et remplacées par une école mixte.

Personnel Enseignant

Nous n’avons pu relever que quelques noms.
Le 1er mars 1803, Adrien Cornée est nommé instituteur et clerc laïque.  En 1826, Xavier Lion a 40 élèves. M. Léopold Lebeau est nommé en 1866.
En 1906, M. Eugène Planard et Madame Laborde-Lecenne exercent.  Cette dernière avait été précédée par Mlle Stévenin.  Mlle Bidot de Gardinville et Mme Catoine.  En 1911, M. Delay prend possession du poste.  En 1921, Madame Laborde est nommée directrice à Neuf-Mesnil.  En 1923, M. et Madame Carniaux-Ponchaux, instituteurs à Sains-du-Nord, sont nommés à Hestrud où ils exerceront jusqu’au 1er octobre 1930, date à laquelle la suppression d’une classe les oblige à quitter ce village auquel ils s’étaient profondément attachés. M. Hubert les remplace.  Nous ne pouvons citer les maîtres et maîtresses intérimaires qui se succédèrent entre-temps.

Municipalité

Maire : M. Julevé Houssin, médaille d’argent des Œuvres post-scolaires.
Adjoint : M. Constant Planard, médaille de bronze des Œuvres post-scolaires.
Conseillers Municipaux : MM. Cordier Augustin, médaillé des Œuvres post-scolaires, Charlet Emile, Charlet Marc, Décamps Clovis, Flon Eloi, Lecron Henri, Sainthuile Jules, Wattiez Paul.

ADMINISTRATEURS DU BUREAU DE BIENFAISANCE

Président : M. Houssin Julevé.
Membres : MM. Charlet Emile, Gillet Edmond, Lebrun Lucien, Lion Léonce ; Planard Gustave, Planard Constant.
Secrétaire de Mairie : M. Hubert René.
Garde-champêtre : M. Déroissart Alexandre.
***
Nous donnons ci-après la liste des Mayeurs, Officiers publics et Maires qui, depuis le dix-septième siècle administrèrent notre commune :

  • Sébastien Noël, mayeur, décédé en 1677
  • Il fut remplacé par son fils, Jean Noël, mort en 1709. – 1761 : J.-B. Poquet, maïeur
  • Pierre Philippe, lieutenant-mayeur. – 1771
  • J.-J. Lion, mayeur – 1780
  • Jean-Louis Le Loupt, mayeur. – 1791
  • Pierre Juste, officier public. – 1792
  • Jean Bombled, officier public. – 1824
  • Nicolas-Joseph Lebrun, maire. – 1832
  • Jacques-Joseph Charlet. – 1838
  • J.-B. Lebrun. – 1841
  • Pierre Binay. – 1848
  • Jules-Joseph Lebrun. – 1859
  • Léopold Joffroy. – 1866
  • Désiré Drugmanne. – 1867
  • Cyprien Charlet. – 1881
  • Cyprien Boisard, adjoint remplit les fonctions de maire. 1882
  • Jules Binot, maire. – 1904
  • Odon Planard. – 1913
  • Henri Bavay. – 1920
  • Floriste Fostier. – 1925
  • Ernest Jacquart, décédé en exercice. – 1928
  • Jean-Baptiste Binot, refusa en 1929 le renouvellement de son mandat, malgré les vives sollicitations dont il fut l’objet.
  • Julevé Houssin – 1929.

Biens communaux

La commune possède 14 hectares de bois et 29 hectares 19 ares 20 centiares de terres et pâtures louées aux enchères.  Le rapport annuel se monte à 6.855 francs.
Le loyer annuel des biens du Bureau de Bienfaisance est actuellement de 1.452 francs.  Ils comprennent 5 hectares 78 ares 06 centiares de terres et pâtures et 2 hectares 50 de bois.
En 1737, le bien des pauvres rapportait 84 livres 16 sols 8 deniers, suivant le compte de Martin Juste, mambour du dit bien.

Douanes

Hestrud possède une brigade de première ligne, renforcée, comprenant un brigadier, deux sous-brigadiers et treize préposés dont la vie pénible et pleine de risques est trop peu connue.  Sa penthière (zone de surveillance) s’étend de la scierie de Forêt au Bois de Beaurieux, soit sur un front de 5 km. 500 et une profondeur de 3 kilomètres.
Le Receveur est, depuis 1924, M. Paul Crombez, titulaire de la Médaille des Œuvres post-scolaires.  Il exerce avec tact et urbanité ses délicates fonctions.
Le bureau des douanes belges se trouve à l’entrée du village de Grand-Rieu, à quelques centaines de mètres du poteau frontière.

Etat Féodal

Hestrud constituait un fief (c’est-à-dire un domaine noble, une terre conquise et donnée à des vassaux) de la pairie de Barbençon, tout en relevant cependant de la seigneurie de Jeumont.  A ce titre, on le voit figurer plusieurs fois dans le cartulaire des douze pairs du Hainaut (année 1473-1474).  Voici, du reste, comment il est désigné au cartulaire susdit :
« Madame Jacqueline de Mouy, dame de Jeumont, comme tenant le bail de Nicolas de Barbenchon, un fief se comprenant en la ville, terre et seigneurie d’Hestrud, aussi en cense, rentes, etc … ».
Nous avons pu relever les noms de quelques seigneurs d’Hestrud :
Raoul d’Hestrud : D’après le cartulaire de l’Abbaye d’Alne, en 1214, les religieux de cette abbaye reconnaissent devoir chaque année aux chanoines de Saint-Ursmer de Lobbes, vingt sous, monnaie de Valenciennes, du chef des droits du dit chapitre sur une terre sise à Fontaine et à Alne qui relevait de Raoul d’Hestrud et qui fut donnée à l’abbaye par ce même seigneur et ses trois sieurs : Alix, Hermengarde et Foressende.
Gilles d’Hestrud : Ce seigneur possédait les droits de terrage et de cens sur le bois des Nielles qui contenait alors 146 bonniers et avait été cédé à l’Abbaye d’Alne par Philippe d’Ostergnies qui le tenait du châtelain de Beaumont.  Baudouin d’Avesnes, en ratifiant la donation comme suzerain, stipula que ce bois serait affranchi de toute coutume, que les moines y exerceraient toute justice, si ce n’était celle de mort d’homme que lui, Baudouin, se réservait.  En outre de ce bois des Nielles, l’Abbaye d’Alne possédait à Hestrud une ferme et des dîmes.

Willame d’Hestrud : chevalier, homme du château de Beaumont.

La famimme d’Hestrud fournit trois abbés à l’Abbaye de Liessies, sans doute des cadets de famille des seigneurs de ce fief.
Hugues d’Hestrud qui mourut le 3 août 1213.
Gossuin d’Hestrud qui se retira en 1217.
Nicolas de Hestrud qui mourut en 1244, après douze ans de prélature.
Au XVe siècle, la terre d’Hestrud, de la maison de Barbençon passe dans celle de Ligue, par le mariage de dame Eustache de Barbençon (décédée en 1378), avec Jean, seigneur de Ligne.
Il est à présumer que dès le XVIe siècle, la famille des seigneurs fieffés d’Hestrud avait disparu car on n’en rencontre plus de traces.
Ajoutons que leur château s’élevait sur le rocher surplombant la Thure, à droite du porche de l’église (emplacement de la ferme Lebrun).
On en a découvert les substructions au cours de fouilles exécutées en 1821.

Usages et Coutumes

  • Les Ducasses

Les ducasses sont célébrées le dimanche de la Trinité et le premier dimanche après la Saint-Rémy.  Elles jouissent d’une grande vogue à Hestrud, comme dans tout le Hainaut, d’a         illeurs.
C’est l’occasion de réunir les membres de la famille en de copieux festins où l’on mange une quantité prodigieuse de tartes.  Ces repas sont suivis de parties de cartes, de boules ou de quilles disputées avec acharnement.  Le soir, un bal en plein air attire la jeunesse des pays environnants.
Généralement, la Municipalité invite une Société musicale ou chorale étrangère qui donne sur la place publique, un concert toujours très écouté, car les Hestrudiens aiment la musique.
Les fêtes de corporations sont également célébrées joyeusement.
Les marbriers fêtent avec éclat, le 8 novembre, les quatre couronnés : Sévère, Sévérien, Carpophore et Victorien, martyrisés sous Dioclétien, au IVe siècle.

  • Les Jeux

Les Hestrudiens affectionnent particulièrement les jeux de cartes, le jeu de boules et le jeu de crosse.  Les quilles sont de plus en plus délaissées.
  

  • Les Veillées

Dès novembre, les Hestrudiens organisent les veillées où, soit journellement, soit plusieurs fois la semaine, les familles se réunissent pour bavarder en engager de longues parties de cartes.

  • Carnaval

Le Carnaval est toujours joyeusement fêté dans notre village, et, ces dernières années encore, des feux heureux, appelés ailleurs Bourdit, Bon bourdit ou les Brandons étaient allumés dans la soirée du mardi des Carnavals.  Cette coutume tend à se perdre.

  • Plantation de mai

Dans la première nuit de mai, les jeunes gens plantent des arbustes symboliques devant la demeure des jeunes filles et se livrent à différentes farces qui ne sont pas toujours du meilleur goût.

  • Les Bœufs et les Gades [1]

Lorsque dans la région, on parle d’Hestrud, il est bien rare que votre interlocuteur, avec un sourire sardonique, ne fasse une allusion aux Bœufs et aux Gades.
Voici ce dont il s’agit : Jusqu’à la guerre, notre village fut divisé en deux clans ennemis : les Bœufs et les Gades qui s’étaient voué une haine farouche.
Chacun de ces parties avait ses estaminets, son épicerie, ses ateliers et même sa fanfare.  Des incidents burlesques émaillèrent cette rivalité à laquelle la politique était étrangère.  De fréquentes discussions éclataient après boire entre Bœufs et Gades ; des rixes suivaient. Nuitamment, des vitres volaient en éclats ou des actes de vandalisme étaient commis : quelque adversaire qui manifestait son mécontentement ! a plusieurs reprises, la gendarmerie dut intervenir.
La guerre qui éprouva si fortement notre malheureux village mit fin à ces regrettables divisions, lesquelles valurent aux Hestrudiens une célébrité de mauvais aloi.
S’il faut en croire les anciens, cette scission fut provoquée par les discussions ayant précédé la construction de la marie-écoles en 1882.

  • Spots particuliers

Beaucoup d’habitants d’Hestrud ont encore leur sobriquet, leur spot ou spote (de l’allemand : spotname).  Certains spots ne sont que ridicules ou ne signifient rien, d’autres sont moins flatteurs.
Une foule d’habitants portant le même nom, on devait, dans les siècles passés, se servir de sobriquets pour les distinguer des uns des autres.  Les sports étaient alors tellement communs qu’ils figurent parfois aux actes de baptême et de décès, à l’exclusion des noms véritables.

  • Spots collectifs

Il y avait aussi des spots collectifs qui s’appliquaient à tous les habitants d’un quartier, d’une paroisse, d’une ville.
Les habitants d’Hestrud sont des Pourchaux comme ceux d’Orchies.
On raconte qu’un jour un représentant de notre paroisse, votant ou signant pour elle, mit au-dessus ou en-dessous de son propre nom : pour cheux d’Hestrud.  Il n’en fallut pas davantage pour faire tourner la chose en risée et fournir l’occasion d’une appellation peu gracieuse.
Les Hestrudiens acceptèrent la chose de bonne grâce.  Ils sont d’ailleurs bien entourés.  Qu’on en juge :
Les Corbeaux de Grand-Rieu,
Les Tours de Cousolre,
Les Affûts de Solre,
Les Viots d’Aibes,
Les Yauyaux de Bousignies,
Les Tautaux ou les Bougdés de Wattignies-la-Victoire,
Les Sossons de Sars-Poteries,
Les Fous de Damousies,
Les Quitte au Nû de Choisies.

  • Le Patois

Entre eux, les Hestrudiens parlent constamment un patois que l’étranger comprend difficilement.  C’est le patois en usage dans le Hainaut avec quelques tournures et des corruptions particulières à la région.

Sociétés

Anciens Combattants et Déportés
Hestrud compte une Association très vivante.
Autour de son drapeau, elle groupe une trentaine d’anciens Combattants et Déportés que le souvenir des souffrances endurées en commun rapproche fraternellement.  Plusieurs fois par an, les anciens Combattants et Déportés viennent fleurir le monument et les tombes de leurs camarades victimes de la guerre.
Son bureau est ainsi composé :
Président d’honneur : Julevé Houssin, décoré de la croix du Combattant.
Président : Jean-Baptiste Charlet, décoré de la croix du Combattant.
Vice-Président : Jules Sainthuile, décoré de la croix du Combattant, gazé, plusieurs fois blessé.
Secrétaire : Georges Cordier, ancien déporté.
Trésorier : Léonce Lion, ancien déporté, dont la santé fut altérée par les rigueurs de la captivité, titulaire de la médaille des Œuvres post-scolaires.
Porte-drapeau : Charlet Marc, décoré de la croix du Combattant.

Société d’Horticulture

Une section de la Société d’Horticulture de Valenciennes compte plus de cent membres, grâce à l’activité et au dévouement de son secrétaire général, M. Isidore Jouniaux, ancien déporté, titulaire de la Croix civique.  Elle organise, plusieurs fois par an, des conférences très goûtées.

Musique

Nos concitoyens ont le goût inné de la musique.
Hestrud possédait avant-guerre deux sociétés musicales : l’Union Républicaine (parti des Bœufs) dirigée par M. Lebrun François, décédé en 1930, et la Concorde (parti des Gades) dont le chef était M. Henri Mathieu.
L’antagonisme de ces deux sociétés provoqua de multiples incidents qui, trop souvent, eurent leur dénouement en Justice de Paix.
Les deux musiques fusionnèrent en 1919 pour former une Fanfare municipale.  Sous la direction d’un chef aussi talentueux que désintéressé, M. Henri Mathieu, Officier d’Académie, titulaire de la Médaille d’argent des Œuvres post-scolaires, cette belle société connut des succès enviables.
Malheureusement, des rivalités particulières et les menées d’une personne étrangère au pays provoquèrent la disparition de la Fanfare Municipale ; elle fut dissoute en 1929. Avec tous les amateurs d’harmonie, nous l’avons regretté.

Société de Chasse

Deux associations, la Société de chasse d’Hestrud et les Francs Tireurs existent depuis 1929.  Nous voulons espérer, dans l’intérêt général, qu’elles fusionneront quelque jour.

Histoire

Hestrud se trouvait dans le pays des Nerviens qui forma, plus tard, le Pagus Hainoensis (Hainaut) dont la capitale était Bagacum (Bavay).
Malgré leur courage, nos valeureux ancêtres perdirent leur indépendance (57 avant J.-C.) et notre pays, désormais, fera partie d’une province romaine, la Belgique seconde (Provincia Belgiqua secunda).  Il goûta la paix et la civilisation impériales et changea d’aspect.  Des clairières apparurent dans les sombres forêts et des constructions de briques et de pierres remplacèrent les huttes gauloises.
Dès lors, les destinées de notre village se confondent avec celles du Hainaut, dont il partage les vicissitudes.
Après les grandes invasions du Ve siècle, les Francs s’installèrent dans le Hainaut, y ramenant les mœurs barbares.  Sous les rois mérovingiens, le pays des Nerviens fut gouverné par des comtes, mais jusqu’au septième siècle une certaine obscurité règne sur son histoire.
A la fin du Ixe siècle, Hestrud et toute la contrée furent ravagés par les farouches Normands qui, en 881, mirent à sac la riche Abbaye de Liessies, fondée par Wibert et Sainte Hiltrude.
Après avoir souffert de l’invasion des Hongrois (955), notre village fut saccagé en 1185 par les soldats du duc de Brabant et de l’archevêque de Cologne, alliés de Philippe d’Alsace – alors en querelle avec son beau-frère Bauduin de Hainaut – qui allèrent incendier Cousolre.
Les guerres de rivalité contre la maison d’Autriche provoquèrent de nouvelles incursions de la soldatesque.  Maubeuge est brûlée en 1543. Dix ans plus tard, Hestrud, Cousolre et les localités environnantes furent ravagés et incendiés par les Français de Henri II.
L’établissement d’une route stratégique vers les Pays-Bas, route qui traversait notre village, fit que ce dernier eut beaucoup à souffrir des multiples passages de soldats, trop souvent transformés en brigands, au cours des guerres dont la Flandre fut le théâtre.  D’autre part, les garnisons des places voisines : Beaumont, Solre-le-Château et Maubeuge rançonnèrent fréquemment nos malheureux ancêtres.
Pendant la guerre de Trente ans, les ennemis – c’étaient les Français, alors – venus de La Capelle, au cours d’un raid audacieux, enlèvent les bestiaux du village et pendent quelques manants (1646).
L’année 1651 fut néfaste aux Hestrudiens qui virent le pillage méthodiquement organisé par les reitres du général Rose, au service de la France.
De nouveaux ravages marquent l’année 1655.
Par le traité de Nimègue (1678), Hestrud fut définitivement rattaché à la France.  Il connut une tranquillité relative sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI.
La Révolution survient et, pendant trois ans, le Hainaut redeviendra un vaste champ de bataille.
En septembre 1793, des engagements d’avant-postes se produisent à Hestrud tandis qu’une armée de dix mille Autrichiens et émigrés cerne Cousolre, vainement d’ailleurs, par suite du repli sur Solre-Libre, des troupes françaises.
Pendant la bataille de Dourlers-Wattignies (15-16 octobre 1793), une fraction des forces ennemies se tient constamment en liaison avec Beaumont où Benjowski, commandant l’une des trois armées du prince de Cobourg alla camper avec 6.000 hommes.
Le lendemain de cette éclatante victoire, et les jours qui suivirent, les patrouilles françaises et autrichiennes se rencontrèrent sur le territoire de notre commune.  C’est au cours de ces vives escarmouches que la ferme du Chapon et la ferme Laurent furent détruites.
Le 9 décembre 1793, un parti autrichien traverse Hestrud et surprend Solre-Libre où il tue deux habitants.
Le 1er janvier 1794, des troupes prussiennes essaient de renouveler cet exploit.  Le corps du général Duhesme, cantonné à Sars-Poteries, les repousse et les poursuit jusque sous les murs de Beaumont.
Le 23 avril, nouveau passage des Autrichiens qui après avoir pillé Hestrud se proposent d’incendier Solre-Libre.
L’aile droite de l’armée de Sambre-et-Meuse réagit vigoureusement le 26 avril.  Beaumont est rapidement prise par les soldats de Desjardins.
Quelques jours plus tard, en mai, des troupes appartenant à l’armée de Jourdan cantonnent à Hestrud et dans les environs, tandis que l’état-major, accompagné des Conventionnels Lebas et Saint-Just, établit son quartier général à Cousolre.
Naturellement, Hestrud souffrit beaucoup de ces combats et de ces passages continuels de soldats.  De nombreux habitants furent molestés.
Les dégâts occasionnés par les soldats ennemis – et par les nôtres, sans doute -  étaient tellement importants dans la région de Cousolre que le 9 Floréal an III une Commission fut constituée pour les constater et les évaluer.
En juin 1815, les corps du général Reille et du comte d’Erlon cantonnèrent dans la région avant de gagner la Belgique.  Le 14, Napoléon Ier traversa notre village.  Il venait d’Avesnes et se rendait à Beaumont, où il coucha.
A ce propos, on raconte à Hestrud l’anecdote suivante dont nous ne prenons pas la responsabilité.  Nous nous bornons à la transcrire telle qu’elle nous fut contée :
« Tandis qu’on abreuvait son cheval à la Thure, l’Empereur se tenait à l’écart, l’air préoccupé.  Il interpella brusquement un jeune Hestrudien, nommé Cyprien Charlet qui, vivement intéressé par ce spectacle, s’était approché.


-  Connais-tu, petit gars, celui qui te parle en ce moment ?
-  Oui, sire, vous êtes le grand Empereur.

Tout le monde exalte votre puissance illimitée et croit que la victoire est attachée pour toujours à vos pas.  Mais, sire, veuillez croire un enfant éprouvé par le malheur, la gloire humaine est éphémère : elle passe et disparaît comme l’eau de ce ruisseau.

-   Qui es-tu, reprit Napoléon, jeune insensé, pour parler de la sorte ?  Connaîtrais-tu l’avenir ?
-   Non, répondit l’enfant, mais si j’étais l’Empereur, je resterais tranquillement ici, car demain son étoile aura sûrement pâli ».


Cinq jours après, des blessés et des fuyards apportaient aux Hestrudiens atterrés la nouvelle du désastre de Waterloo.
Le 21, les Prussiens, ivres de fureur, arrivaient dans notre village et incendiaient trois maisons habitées par les familles Lebrun et Fauveau.  Une fois encore, Hestrud fut rançonné.

Le premier janvier 1816, les Russes du général Woronzow remplacèrent les Prussiens dans la région.  Ils y demeurèrent jusqu’en 1818.

Les registres de délibérations du Conseil municipal

Nous ont permis de relever, à dater de 1831, les faits les plus saillants de la vie de notre village.
(1831) – La scierie de marbre est complètement détruite par un incendie.
(1846) -  Le Conseil municipal demande que l’on exécute les travaux du chemin de Solre-le-Château à Jeumont « afin que nos établissements de marbrerie qui sont la principale ressource de la classe ouvrière de la Commune puissent recevoir le sable pour scier et que les fours à chaux puissent écouler leur production.  D’autre part, le marbre pourra être expédié par Maubeuge et la Sambre ».
Les contrôles de la Garde nationale portent 84 inscrits.
(1847) – Le Conseil municipal demande le service journalier de la distribution des lettres.
Le traitement de l’Instituteur est fixé à 200 francs plus le logement.
On demande création d’un chemin direct entre Hestrud et Cousolre afin de ne plus être obligé de passer par Grand-Rieu et Leugnies, ce qui constitue un circuit de 20 kilomètres.
(1848) – Le 2 mars, le maire Binay annonce solennellement la constitution du gouvernement provisoire et la proclamation de la République.
Le 4 mai, le Conseil municipal vote un crédit de 40 francs pour la plantation d’un arbre de la liberté et l’organisation d’une fête civique.
Le 11 juin, un crédit de 300 francs est voté en faveur des ouvriers sans travail qui seront occupés à l’empierrement du chemin de Cousolre dont le tracé venait d’être commencé.
(1849) – Le 30 septembre, les Municipalités de Cousolre et d’Hestrud signent une convention pour la construction du pont de la République.  Cousolre fournira les grosses pierres, tandis qu’Hestrud donnera les petites pierres, le sable et la chaux.
(1850) – le 14 août, un orage d’une rare violence s’abat sur la région.  La vallée de la Thure est rapidement inondée et les ponts disparaissent sous l’eau.  Le Pont de la Route nationale, près du Bureau de Douanes, s’écroule deux jours après.  Il avait été construit en 1838.
(1850) -  Pour la première fois, un crédit de trois francs est voté pour la vaccination.
(1852) – Le 2 octobre, le Conseil municipal exprime, à l’unanimité, « le vœu le plus manifeste que le Pouvoir souverain soit définitivement remis entre les mains de Louis-Napoléon, notre très digne Elu et sauveur de la France ».
Le 5 décembre, un crédit de 30 francs est voté pour être distribué aux indigents à l’occasion du rétablissement de l’Empire.
Le traitement de l’Instituteur est fixé à 600 francs.  Il recevra 20 francs en plus s’il sonne la cloche-retraite.
Le garde-champêtre reçoit 180 francs par an, tandis que le supplément du Curé est porté à 200 francs.
(1854) – Georges André prend part à la guerre de Crimée où il se distingue par sa valeureuse conduite.
(1858) – Le Conseil municipal refuse d’acheter une pompe à incendie.  Signalons, à ce propos, que notre village en est toujours dépourvu.
(1859) – Quatre Hestrudiens participent à la campagne d’Italie contre l’Autriche.  Ce sont : Georges André, titulaire de la médaille de Crimée, Descamps Victor, Gillet Victorien et Willoquet Louis.
(1870) – A l’écart du champ des opérations militaires, Hestrud n’eut pas à souffrir particulièrement de la guerre franco-allemande.
Cinq de nos concitoyens prirent les armes contre les Prussiens : Cordier Casimir, tombé à Bapaume, 2 janvier 1871 ; Cordier François, Lebrun François, Lebrun Zéphir et Fauveaux Philippe.  Ce dernier participa aux combats livrés par l’armée du Nord.  Alerte et enjoué, il porte allègrement ses 84 ans.
(1877) – Le 17 juin, le Conseil municipal demande la construction de la voie ferrée Jeumont-Anor par Cousolre, avec halte-arrêt, à défaut de gare, à Hestrud.
Le 17 juillet, le plan soumis par la Compagnie du Nord est approuvé.  L’emplacement de la gare se trouve à proximité du centre du village.
(1879) – La Municipalité est mise en demeure par M. le Sous-Préfet de construire une école.
(1880) -  Le Conseil municipal proteste contre les modifications apportées au tracé de la ligne Jeumont-Anor qui ne passe pas à Hestrud.
Pour la première fois un crédit de 80 francs est voté pour fêter le 14 juillet.
(1881) – Le Conseil municipal, présidé par M. Boisart Cyprien, adjoint, décide de construire deux écoles au Trieu-Malade.
(1882) – Présidé par M. Jules Binot, maire, assisté de M. Eloi Raux, adjoint, le Conseil municipal repousse le précédent projet et décide la construction des écoles là où elles s’élèvent actuellement.  Le devis, se montant à 38.200 francs, est approuvé et un emprunt de 12.500 francs est contracté.
On décide le redressement du vieux chemin de Cousolre.
(1884) – Les nouvelles écoles sont inaugurées.  La vieille mairie-école est vendue 2.700 francs.
(1891) – Un crédit de 10.000 francs est voté pour la réfection du clocher.
(1893) – Le Conseil municipal refuse de créer les ressources nécessaires à la construction d’un nouveau presbytère.

LA GRANDE GUERRE

Grâce aux notes que M. Veinand, instituteur, a bien voulu nous communiquer, nous pouvons signaler les faits principaux qui se déroulèrent à Hestrud, durant la grande tourmente.  Nous renouvelons nos vifs remerciements à notre aimable collègue.
(1914) – Les premiers jours d’août voient le départ des Hestrudiens appelés à la défense de la Patrie attaquée.  Deux conseillers municipaux sont mobilisés : MM. Jacquart Ernest et Décamps Clovis.
M. Bavay Henri, maire, continue l’exercice de ses fonctions.
Des régiments français allant au secours de la Belgique, cantonnent dans notre village où ils trouvent un accueil chaleureux.
Le 20 août, commence le lamentable exode des malheureux Belges fuyant devant l’ennemi.  Leurs récits jettent la panique dans notre village dont la presque totalité des habitants prennent à leur tour le chemin de l’exil.
Le 24 août, des troupes appartenant aux 6ème et au 18ème corps d’armée repassent en désordre : les soldats, qui ont pris part à la bataille de Charleroi, sont harassés.
Le 25 août, les premiers soldats allemands arrivent, venant de Beaumont.  Ils saluent le poteau frontière de hurlements sauvages.  Une nouvelle fois, notre malheureux pays va connaître l’invasion !
Un dragon français, tué à 150 mètres de la ferme Wanderpepen est entérré dans la prairie de M. Odon Planard, en bordure de la grand’route.
Le 27 août, de nombreux Hestrudiens sont surpris par l’ennemi à Le Nouvion-en-Thiérache.
Deux d’entre eux, Alphonse Cordier et Marcel Philippe y furent assassinés lâchement parce qu’ils étaient en possession de balles Lebel imprudemment ramassées sur la route.  Le premier portait la plus jeune de ses filles, Madeleine, âgée de quatre mois.  Sans se laisser émouvoir par les supplications et les pleurs, les Allemands arrachèrent l’enfant des bras de l’infortuné Cordier qu’ils abattirent dans une pâture voisine, sous les yeux de sa femme et de ses filles à demi-folles d’épouvante.  Il avait trente-deux ans et son malheureux compagnon dix-huit.  Plusieurs de ses camarades devaient subir le même sort : parmi eux se trouvaient MM. Constant Planard et Isidore Jouniaux.  Avec un sang-froid admirable, ceux-ci se débarrassèrent, à la barbe de l’ennemi, des armes et des munitions dont ils étaient porteurs, échappant ainsi à une mort certaine.
Deux jours auparavant, près de la frontière, entre Sivry et Beaurieux, les Allemands avaient, sans motif valable, sauvagement tué cinq civils parmi lesquels M Wattiez Nicolas et son fils Gaston, père et frère de M. Wattiez-Binot, conseiller municipal d’Hestrud.
Septembre – Nous hébergeons des habitants de Colleret, Aibes et Quiévelon.  Ils ont dû abandonner ces localités trop rapprochées du camp retranché de Maubeuge où la bataille fait rage.
Hâves et poussiéreux, accablés par la fatigue, rongés par l’inquiétude, les Hestrudiens regagnent les uns après les autres leur village qui fut complètement pillé en leur absence.  Certains sont allés jusque Saint-Gobain : peu nombreux sont ceux qui réussirent à passer en France libre.
 
Octobre – L’occupation commence.  Journellement, des proclamations sont affichées par les Allemands.
La population doit aller chercher son pain en Belgique ou à Cousolre.  Contre monnaie d’or, on peut se procurer à Ferrière-la-Grande, de la farine provenant du pillage des magasins militaires de Maubeuge.
(1915) – Hestrud est rattaché à la Kommandatur de Maubeuge, dépendant du gouvernement de la Belgique.  C’est la période la plus calme de la guerre.  Quelques estaminets sont encore ouverts, le commerce est relativement facile.  La Libre Belgique ou quelque journal français – arrivé on ne sait comment – apporte, de temps à autre, des nouvelles de la guerre.  Rapidement colportées, elles sont commentées avec fièvre.
Les Allemands font de brèves apparitions dans le village pour réquisitionner ou donner des ordres.  Le passage en Belgique est toujours libre, ce qui facilite le ravitaillement.
Bien que les écoles – salles de classe et logements des maîtres – aient été dévastées dès l’invasion, le service scolaire est assuré par Mademoiselle Denise Charlet, institutrice, seule jusqu’au 1er juillet.  A cette date, M. René Veinand est nommé à l’école des garçons.
(1916) – Plusieurs habitants – jeunes filles, dames et hommes – sont emprisonnés par l’ennemi ou condamnés à une forte amende, les uns pour désobéissance aux ordres dictés par la Kommandatur, les autres pour avoir manifesté leurs sentiments patriotiques.  Nous devons à la vérité de dire que la plupart de ces condamnations furent prononcées sur les indications de quelques mauvaises Françaises, dont on ne saurait trop flétrir l’abominable conduite.  Cette réserve faite, nous rendrons hommage à la grosse majorité des Hestrudiens dont la fière attitude et le patriotisme furent au-dessus de tout éloge.
Novembre – La Kommandatur de Maubeuge étant séparée de la Belgique, Hestrud est réuni à la Kommandatur de Solre-le-Château.
« Vous ne savez pas ce que c’est que la guerre, je vais vous l’apprendre » dit le Commandant, lors de son premier contact avec les Maires.  Exorde peu rassurant !
Un poste permanent de gendarmes allemands s’installe dans le logement de l’institutrice. M. René Veinand, secrétaire de Mairie en remplacement de M. Chevalier, et M. Odon Planard, chef de culture, sont odieusement maltraités.  Les hommes âgés de 16 à 50 ans sont soumis à un contrôle rigoureux.
Une vingtaine d’Hestrudiens sont emmenés en captivité.  C’est, pour nos malheureux concitoyens, le commencement d’un douloureux calvaire.
Décembre – Les ordres de l’occupant deviennent de plus en plus sévères.  Tout le lait doit lui être fourni et il est formellement interdit de faire du beurre.
(1917) – Janvier.  Le Comité de ravitaillement C.R.B. (Commission for Relief in Belgium) commence à fonctionner.  Il est ainsi composé :
Président local : M. Bavay Henri, maire.
Secrétaire : M. Delahaye Jules.
Trésorier : M. Potdevin Eugène.
Le magasin est installé au rez-de-chaussée du logement de l’instituteur.  Le fonctionnement du Comité de ravitaillement donna lieu à d’âpres critiques dont nous ne pouvons-nous faire l’écho.  En dépit d’une insuffisance quantitative et de la défectuosité de certains produits alimentaires, il faut reconnaître que le C.R.B. améliora notablement le sort des habitants des pays envahis.
Février – Arrivée des habitants de Brissy (Aisne) et d’Alaincourt (Somme) évacués par l’ennemi.
Pr ordre de la Kommandatur, les civils doivent obligatoirement saluer les Allemands.  Des gifles retentissantes et des coups de cravache s’abattent sur ceux qui oublient ou feignent d’oublier l’ordre.
Quatre otages sont désignés pour répondre de la tranquillité de la population : MM Bavay, maire ; Arrive, instituteur de Brissy : Veinand, instituteur et Tabary, curé.  Fort heureusement, ils ne seront jamais emprisonnés.
Un nouveau poste de gendarmerie est installé dans la ferme Wanderpepen.  L’un des gendarmes surnommé « le Vert » terrorisa littéralement la commune.
On taille la Haie du Village pour le chauffage de la population.
(1918) – Notre village abrite régulièrement des troupes au repos.  Les réquisitions se font de plus en plus nombreuses et les ordres de la Kommandatur redoublent de sévérité.
Octobre – Les formations de l’arrière de l’armée allemande passent, se repliant sur la Belgique.  D’innombrables troupeaux de bovins, des chariots chargés d’objets et de denrées « réquisitionnés », des groupes de prisonniers civils et militaires les suivent, jour et nuit.
La surveillance se relâche à la frontière belge, « le Vert » s’en va.  La confiance renaît, les Hestrudiens pressentent que la délivrance est proche.
Un prisonnier français, originaire de la Charente-Inférieure, meurt dans l’église, où il avait été enfermé avec ses camarades.
Quelques hommes sont désignés pour conduire en Belgique les bestiaux restant dans le village.
Novembre – Jour et nuit, convois et troupes se succèdent sur la route de Beaumont.  C’est la retraite !
Une affiche annonce que les hommes valides ne seront pas emmenés, mais ils ne doivent pas sortir de leur domicile.  La plus grande prudence est recommandée aux habitants.
Le 7, un pionnier allemand fait sauter le pont.
Le lendemain, arrivent les patrouilles de la South Africa, qui capturent deux Allemands restés chez Madame Veuve Charlet-Bernard.
Fous de bonheur, les Hestrudiens, tirent de leur cachette les vieux drapeaux tricolores.  La joie de la délivrance fait oublier les tortures morales et les souffrances physiques endurées pendant plus de quatre années.
Le 9, l’artillerie lourde allemande bombarde notre village, visant le pont dont les Anglais ont déjà entrepris la reconstruction.  Le bombardement, heureusement mal réglé, ne cause pas de grands dommages matériels.  Un sous-officier est tué rue Heureuse.
Les gros des troupes anglaises arrive et cantonne dans le village.
Le 10, elles prennent d’assaut les nids de mitrailleuses destinés à protéger l’arrière-garde allemande.  Sept soldats sud-africains tombent, mortellement frappés, et une vingtaine sont blessés au cours des combats livrés sur le territoire d’Hestrud.
11 Novembre ! – Joyeusement, nos alliés annoncent la conclusion de l’Armistice.  Cette nouvelle tant attendue provoque un enthousiasme délirant.  C’en était fini de l’affreux cauchemar !
Hélas ! il était bien lourd le tribut payé par notre petit village ! Dix-huit de ses enfants, soldats et civils, ne reviendraient plus !  Que de deuils et de souffrances !
Les ateliers étaient dévastés, les fermes vides et les champs en friches.  Courageusement, nos concitoyens se remirent au travail.
Avant tout, leur piété patriotique voulut honorer les Morts.  Ils érigèrent une stèle afin de rappeler leur sacrifice et de perpétuer leur glorieuse mémoire.  Inauguré solennellement le 8 août 1920, ce modeste monument qui se dresse place de l’Eglise, porte gravés en lettres d’or les noms de :

  • Militaires 

BINOT ALBERT, tombé à Verdun
CHARLET MOÏSE, tombé dans la Somme
HUART CESAR, tombé en Champagne
RAVIART RAYMOND, instituteur
CLAUX YDULPHE
HANOTEAU LOUIS
HARDY VICTOR
LASSINAT ZEPHIR
SAINTHUILE VICTOR
GIBON LOUIS
LION AUGUSTE
ROUSSEAU DESIRE
TETREL CONSTANT
WILLOQUET LEON
CORDIER LUC, mort à Constantinople (Turquie)

  • Civils

CORDIER ALPHONSE
PHILIPPE MARCEL
Fusillés à Le Nouvion-en-Thiérache, le 27 août 1914.
BINOT EUGENE
HARDY VICTOR
Morts en captivité par suite des mauvais traitements subis.
Il conviendrait d’ajouter à cette funèbre liste, le nom de ceux qui revinrent mourir au pays, victimes de la guerre :
GILLET JULES, CLAUX FRANCOIS, déportés ;
JACQUART ERNEST, fait prisonnier à Maubeuge ;
CHARLET DESIRE, blessé de guerre, titulaire de la Croix du Combattant et de la Médaille de Verdun.
D’autre part, notre cimetière abrite les restes de sept soldats sud-africains tombés en délivrant Hestrud, les 10 et 11 novembre 1918.  Ce sont :
Le Sergent S.J. HONES et les soldats T.S.A. TAYLOR, G.S. MORRIS, CROWLEY DUGGAN THOMPSON, N-W. JOHNSON, R.G. HAW, GEORGE ANDREW de Kook.
Inclinons-nous pieusement devant la mémoire de ces martyrs et souhaitons qu’ils soient les victimes de la dernière guerre des guerres.

HESTRUDIENS MOBILISES

Anciaux Arthur, douanier ; Auguste Arthur, douanier, Bernard Albert ; Bernard Usmar, médaille militaire ; Binot Albert, tombé au champ d’honneur ; Bosmans Edouard, médaille militaire, croix de guerre belges, trois blessures ; Boulanger Anatole, douanier ;Briez Jules, douanier ; Charlet Adonis ; Charlet Léon ; Charlet Marc, Charlet Moïse, mort au champ d’honneur ; Charlet Robert ; Clausse Ernest, brigadier des douanes ; Claux Ydylphe, mort au champ d’honneur ; Cordier Augustin ; Décamps Clovis ; Dublanc, douanier ; Fauveaux Odon, blessé ; Gibon Louis, mort au champ d’honneur ; Gillet Emile ; Hannoteau Louis, mort au champ d’honneur ; Hardy Victor, mort au champ d’honneur ; Houssin Julevé, sous-brigadier des douanes ; Huart Albert, douanier ; Huart César, mort au champ d’honneur ; Jacquart Ernest ; Laborde Vincent, douanier, croix de guerre, médaille des évadés ; Lassinat Zéphir, mort au champ d’honneur ; Lebrun Franc ; Lecron Henri ; Lefèvre Léon ; Lion Auguste, mort au champ d’honneur ; Maigné Alexandre, douanier ; Marsan, douanier ; Michel Gaston, croix de guerre, blessé, Michel Rieul, croix de guerre, mutilé ; Navrez Eugène, douanier ; Planard Gustave, croix de guerre, médaille d’Orient, médaille de Serbie, blessé ; Poulet Lucien, blessé ; Raviart Raymond, instituteur, tombé au champ d’honneur, médaille militaire, croix de guerre ; Rousseau Désiré, tombé au champ d’honneur ; Sainthuile Victor, mort au champ d’honneur ; Tétrel Constant, mort au champ d’honneur ; Wattiez Clovis ; Wattiez Joseph ; Willoquet Léon, mort au champ d’honneur.

ANCIENS COMBATTANTS 

arrivés à Hestrud après la guerre:
Bocquet, garde-chasse, mutilé ; Cordier Aimé, douanier ; Delbecque Léon, curé, blessé ; Huart Fernand, sous-brigadier des douanes, blessé ; Jouveniaux Léon, douanier ; Moreau Alfred.

HESTRUDIENS DEPORTES PAR L’ENNEMI

Binot Eugène, mort pour la France ; Hardy Victor, mort pour la France ; Gillet Jules et Claux François, morts des suites des souffrances endurées en captivité ; Berteaux Florimond, croix civique de 1ère classe ; Cordier Augustin ; Cordier Casimir fils ; Cordier Georges ; Cordier Léonce ; Cordier Luc, décédé le 8 août 1921, à Constantinople, sergent ; Dendien Charles ; Dequêne Maurice ; Fostroy Achille ; Fostroy Eugène ; Hanze Marcel ; Jouniaux Isidore, croix civique de 1ère classe ; Lion Léonce ; Lorent Alexis, croix civique de 1ère classe ; Sainthuile Alfred ; Sainthuile Arthur ; Sainthuile Marcel ; Scouflaire Amédée fils ; Tévelle Félicien ; Vincent Omer ; Vincent Adolphe.

HESTRUDIENS EMPRISONNES PAR L’ENNEMI

Mesdemoiselles Binot Angèle, Binot Héléna, Binot Mathilde ; Charlet Laure, Houssin Angeline, Libotte Angeline ; Mesdames Chevalier, Cordier-Harlet, Lempereur Octavie, Michel-Lio, Anna ; Messieurs Chevallier Henri, receveur des douanes et Michel Arthur.

FAMILLES AYANT PASSE LA GUERRE EN France LIBRE

Charlet-Hardy ; Charlet-Pécriaux ; Debailleux ; Décamps-Charlet ; Delaye Léon ; Fostier Floriste ; Laborde-Lecesne ; Lebrun-Lebrun ; Liégeois-Nicolas ; Lion Elise ; veuve Louette ; Pupin-Lebrun ; Maigné ; Sonneville Désiré ; Wanderpepen-Clairbois.

[1] En patois : chèvres


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